UN CONTEXTE PARTICULIER
E-learning, E-web, E-work,…, sont surement très haut au classement des mots les plus à l’usage ces jours-ci dans les milieux autant professionnels, académiques que sociaux. Il faut bien avouer que le contexte s’y prête bien.
En effet, la situation qui prévaut actuellement dans le monde entier a créé un cadre favorable à l’émergence des « e-space », « e-work » and « e- learning »… partout dans le monde, les derniers mois ont été pour les jeunes étudiants et élèves une période d’arrêt des enseignements en raison de la pandémie de Corona virus qui frappe le monde. Au Cameroun, un communiqué des organismes gouvernementaux paru depuis le 17 Mars a signé la fin des enseignements dans le primaire, le secondaire et le supérieur. Cette phase d’arrêt est venu relancer le débat sur la question du E-learning ou des cours en ligne. De plus, la complexité de la situation et la réduction des déplacements qu’a entamé cette crise sanitaire a emmené de nombreuses entreprises à envisager les possibilités de E-work ; toutes ces mouvances ont remis sur la table les questions liées à la digitalisation.
E-LEARNING AU CAMEROUN OÙ EN ÉTAIT-ON ?
Le programme de développement durable à l’horizon 2030 adopté par l’ONU, se décline sous 17 points qu’on a appelle les 17 ODD (objectifs du développement durable) qui met un accès sur les trois dimensions du développement à savoir économique, social et environnementale et vise l’élimination de la pauvreté et la faim dans le monde, combattre les inégalités et construire des sociétés justes, pacifiques et solidaires ; créer les conditions d’une croissance économique globale et durable. L’une des conditions de cette réussite de ce plan est le développement des TIC favorisant l’inter connectivité mondiale, l’innovation technologie et scientifique dans les domaines aussi variés que sont la sante, agriculture, l’éducation, l’énergie solaire etc.
Dans ce plan figure en bonne place l’éducation qui est consacrée ici à la 4eme place avec « l’éducation de qualité pour tous » et l’innovation qui lui est mentionnée à la 9eme position « industrie, innovation et infrastructure » dont la combinaison exige des innovations et développement des infrastructures pour une éducation de qualité dans tous les pays du monde. On pense alors toute de suite à l’introduction voire la pénétration de l’économie numérique dans l’éducation ou encore à ce qu’on a appelle les technologies de l’information et de la communication pour l’éducation(TICE) qui transforme les méthodes d’apprentissage avec l’appropriation de nouveaux concepts et outils connectés.
C’est dans cette lancé que Cameroun a mis en place un vaste programme de développement du numérique avec son plan stratégie « Cameroun numérique 2020 » qui définit les axes stratégiques, des actions et priorités à fort impact sur l’aménagement numérique du territoire, l’intensification des usages des services TIC ; la lutte contre la pauvreté par la création d’emplois et l’augmentation du taux de croissance de l’économie nationale. Et parmi ses axes stratégiques, on a le développement du capital humain et le leadership numérique dont les objectifs sont la promotion de la connectivité numérique des institutions nationales d’éducation et de formation (e-accessibility) ; développement des services éducatifs en ligne (e-learning).
En effet, plusieurs actions sont prévues pour la mise en œuvre de cette stratégie nationale à savoir : la gratuité de la formation dans les filières du numérique ; exonération de taxes d’acquisition d’équipements TIC par les élèves, les étudiants et les établissements scolaires et universitaires ; augmentation du pourcentage des universités/grandes écoles ayant mis en place un PPP dans l’économie numérique à 10% ; augmentation à 50% le taux d’établissements d’enseignement secondaires disposant de laboratoires multimédia avec connexion internet à haut débit ; augmentation à 100% le taux d’élèves ingénieurs équipés de laptops et de connexion individuel internet à haut débit ; connection de 30% des établissements d’éducation de base à l’internet haut débit par la mise en place de centres multimédias .
En outre, le Projet e-national higher éducation network mené par le Ministère de l’enseignement supérieur qui est à sa première phase vise : la mise en place dans les universités d’Etat des infrastructures numériques matérielles (réseaux informatiques et télécommunications, centres de données) et immatérielles (e-administration et e-learning), facilitation de l’accès des terminaux numériques, développement des compétences indispensables à la transformation numérique de l’université camerounaise ;montre à suffisance l’intérêt du gouvernement camerounais d’intégrer le numérique dans son système éducatif qui s’accompagne par une pénétration sans cesse croissante de l’internet auprès des habitants fixée aujourd’hui à 30% contre 4,2% en 2004 et des perspectives de croissance de 51% d’ici 2025.
E-LEARNING AU CAMEROUN OÙ EN EST -ON ?
Malgré des indicateurs au vert pour le Cameroun, la planète entière est touchée par une grave crise sanitaire qui touche aujourd’hui plus de 1millions de personnes(OMS) et de centaines de milliers de morts obligeant les gouvernements à adopter des mesures dites de confinement maintenant les écoles ,magasins, entreprises fermés et des habitants confines chez eux afin de limiter la propagation de la maladie COVID19.Cependant ,les conséquences sont désastreuses pour les pays aussi bien sur le plan de la santé, économie, éducation. Et le Cameroun lui aussi a dû prendre des mesures de riposte du Corona virus à savoir la fermeture des lieux de loisirs au-delà de 18 h, restrictions dans les transports, fermeture des écoles, lycées et universitaires etc. Nous vous laissons apprécier à la teneur de ces quelques données la mesures de la problématique du E- LEARNING au Cameroun ?
- Pénétration internet représente 30% et 7,8 millions de personnes ont accès à l’internet au Cameroun.
- En 2017, les startups camerounaises ont levé plus de 2,7 millions de dollars pour développer leur application.
- 9 /10 startups meurent après 5 ans d’existence.
- Cameroun compte 2.465 établissements de l’enseignement secondaire (1.159 lycées,1.301 collèges).
- On a 1.824 établissements de l’enseignement general,636 établissements de l’enseignement technique.
- On a 1633 du sous-système francophone,513 du sous-système anglophone,315 du sous-système bilingue.
- La région du centre a 467 établissements (18,95%) et celle du Littoral 181(7,34%).
- On dénombre 94.328 enseignants pour le cycle primaire,96.304 pour le secondaire et 4.081 pour l’enseignement supérieur (2017).
- Le pays dispose de 2 campus numériques (Yaoundé et N’Gaoundéré).
- Pour la rentrée scolaire 2019-2020, on a dénombré 5millions d’élèves du primaire et du secondaire.
- L’enseignement supérieur dénombre 520.000 étudiants (2018),8 universités d’Etat,230 établissements prives d’enseignement supérieur.
- En 2025, on estime à 51% le taux de pénétration des abonnés,66% du taux d’adoption du smartphone,14% pour l’usage de la technologie 2G ,59% pour 3G,24% pour la 4G, et 3% pour la 5G.
- NTIC fournissent des moyens novateurs, non seulement pour la diffusion des connaissances mais aussi pour l’exploration des stratégies d’apprentissage qui favorisent la construction des compétences : accessibilité de l’information, communication et échanges en temps réel ou diffère avec des groupes d’intérêt virtuels(openclassroom) ou des communautés d’apprentissage. Les études démontrent que la plupart des élèves manifestent une motivation plus élevée pour une activité d’apprentissage qui fait appel aux TIC que pour des approches coutumières en classes. Cet intérêt vient du fait que les TIC permettent de diversifier des objectifs, faire changer les d’environnement à l’apprenant (ceux qui rendent la compréhension moins lourde) les projets, les résultats d’apprentissage.
- « Il est difficile de cerner réellement les avantages et les inconvénients des TIC à partir des différents travaux effectués. Cependant, on peut dire que les TIC semblent améliorer les connaissances, les aptitudes et les compétences transversales, en contribuant à la motivation, au plaisir d’apprendre et à l’estime de soi ».
- Un rapport canadien (Bracewell et alin,1996) souligne que les TIC peuvent aux enseignants soit à faire mieux ce qu’ils font déjà, soit à faire des choses différentes, les deux approches étant pertinentes au plan pédagogique. Il est important de rappeler qu’il ne s’agit d’une intégration physique, qui consiste à mettre à la disposition des acteurs du système éducatif des dispositifs technologiques dont ils peuvent occasionnellement se servir, mais qu’il s’agit plutôt d’une intégration pédagogique qui prône une utilisation effective et régulière des outils technologiques en classe.
- La politique camerounaise en matière d’intégration des TIC est à cheval entre « top-down » et le « Botton-up », dans la mesure où il promeut une intégration des TIC dans le système éducatif en décrétant leur intégration, mais faute de moyens adaptés à cette politique, une méthode palliative semble être mise en place pour inciter les enseignants à être les acteurs prioritaires de cette intégration à travers leur implication personnelle.
- Lauzon, Michaud et Forgette-Giroux démontrent dans leur étude qu’il existe deux types d’intégration de l’ordinateur à la pédagogie : l’intégration physique et l’intégration pédagogique. Par rapport à l’intégration physique, ils affirment qu’elle : « consiste à placer les équipements technologiques à la disposition des enseignants et des élèves et à amener ces deux groupes à s’en servir occasionnellement en vue de répondre aux demandes pédagogiques ponctuelles du milieu. De nombreux auteurs Depover et Strebelle (1996) et Dias (1999) démontrent que l’intégration physique est incontournable, puisqu’il est un préalable mais l’intégration pédagogique qui devrait être visée dans l’implantation des TIC.