Etat Des Lieux De L’économie Numérique Au Cameroun: Rapport De Progression Avec Le Numérique Africain Et Mondial

    I-  Contexte Le potentiel économique que représente l’économie numérique en Afrique est en effet important. Il est estimé qu’en 2025, la contribution du numérique au PIB africain serait de 300 milliards de dollars (soit 10% du PIB). Notamment grâce au commerce en ligne et au gain de productivité […]

 

  I-  Contexte

Le potentiel économique que représente l’économie numérique en Afrique est en effet important. Il est estimé qu’en 2025, la contribution du numérique au PIB africain serait de 300 milliards de dollars (soit 10% du PIB). Notamment grâce au commerce en ligne et au gain de productivité accomplis dans les secteurs clés, néanmoins, le pourcentage d’achat effectué en ligne est l’un des plus faibles (7.5%) et les dividendes du numérique ne se diffusent pas assez rapidement en Afrique notamment en raison d’une fracture numérique persistante (accessibilité, coûts, ouverture et sécurité). L’Afrique a le plus grand taux de progression du nombre de consommateur B2C en ligne sur la période 2013-2018, soit 82% de croissance par rapport à une moyenne mondiale de 50% Par ailleurs, l’Afrique subsaharienne enregistre le taux le plus élevé de croissance des télécommunications mobiles dans le monde soit 6.5% de taux annuel composé, tendance qui devrait se poursuivre encore pendant plusieurs années (rapport 2017 GSMA sur l’économie du secteur mobile en Afrique subsaharienne).en outre, la plupart des pays de l’Afrique centrale se trouve affecté par l’effondrement des cours des principaux produits de base, dont le pétrole et fait face à des déséquilibres macroéconomiques importants marqué par un fléchissement de la croissance économique.

 

   II- Etat des lieux

 

Pour percevoir les bénéfices de l’économie numérique, il faut pouvoir en partager les fruits (inclusion, innovation, efficacité, développement des écosystèmes) et réduire les risques associés (cyber sécurité).

L’ouverture à la concurrence du secteur des télécommunications au Cameroun est consacrée par la loi n°98/014 du 14 Juillet 1998 régissant les télécommunications au Cameroun. L’exploitation des réseaux en vue de la fourniture des services de télécommunications est assurée par les opérateurs titulaires de concession de services publics, les fournisseurs de services à valeur ajoutée notamment. Le marché des services de télécommunications comprend trois opérateurs de téléphonie mobile, MTN, Cameroun, Orange Cameroun et Viettel (Nexttel) Cameroun ; un opérateur de télécommunication fixe, Camtel, qui joue également le rôle d’opérateur de transport. L’économie numérique représente 3.5% du PIB au Cameroun en 2016 (Tchofo 2016).

 

II.1-  Évaluation de quelques indices clés

        a) Secteur producteur des services TICs

Ce secteur est au cœur de l’économie numérique. La question du développement des infrastructures de communication électronique est au cœur de l’émergence de l’économie numérique. Il s’agit ici de faire l’état des lieux de ces indicateurs

  • Le marché des services des télécommunications et TICs

En 2015 on avait 500 846 abonnés à la téléphonie fixe y compris CDMA, 19 467 061 à la téléphonie mobile, le taux de pénétration à la pénétration mobile se situe autour de 80%. 1er trimestre 2015, 528 673 abonnés à internet en 2014 les revenus du marché de la téléphonie fixe et CDMA s’élevaient à 82.76 milliards (CA de Camtel) et la téléphonie mobile 457.85 milliards.

  • Equipements de télécommunication

Le Cameroun reste importateur des équipements de télécommunication. La stratégie sectorielle prévoit le développement d’une industrie de télécommunication. Le projet de création de technopole, dont les études complémentaires seront financées par la BAD s’inscrit dans cette logique.

  • Equipement informatique

Le Cameroun est importateur du matériel informatique.

  • Electronique grand public

Ce secteur d’activité n’est pas encore développé au Cameroun.

  • Composants systèmes

Le Cameroun demeure importateur dans cette filière.

  • Éditeur de logiciel de jeux

Un marché des éditeurs de logiciel existe.

  • Services informatiques

Plusieurs entreprises locales ou filiales d’entreprises étrangères fournissent des services informatiques au Cameroun. Mais il n’existe pas de données permettant d’évaluer ce secteur.

 

        b) Secteur de la nouvelle économie

 

  • Commerce en ligne

Il existe quelques sites camerounais proposant de faire du commerce en ligne. Mais pour mieux apprécier l’état des lieux de ce secteur, les indicateurs suivants doivent être renseignés : nombre d’e-commerçants, CA du e-commerce, nombre de transactions en ligne.

  • Internet large bande

Le taux d’utilisation d’internet large bande est le préalable au développement de l’économie numérique. Selon l’UIT le taux d’accès à internet large bande est de 4% au Cameroun en 2015.

  • Médias et contenus en ligne

Le marché des produits numériques tels que les médias en ligne, mes produits culturels en ligne, le marché des jeux vidéo, le marché de la communication…est naissant et déjà très dynamique au Cameroun. Des dispositions au plan institutionnel et réglementaire doivent permettre de mieux encadrer ce secteur.

          c) Secteur de la transformation numérique

 

  • Administration : e-gov

Une enquête réalisée en 2013 a permis de connaitre le niveau d’équipement des TICs des administrations. Nombre d’ordinateur pour 100 personnes dans les services centraux des administrations publiques. Le taux moyen de pénétration dans les services centraux des ministères et certaines administrations et institutions est d’environ 42%, soit 42 ordinateurs pour 100 personnes.

Le débit moyen de l’internet est de 4Mb/s, soit environ 1.55 Kb/s par tête ce qui est largement en dessous de l’objectif d’un accès large bande, qui devrait tourner en moyenne autour de 2Mb/s par tête.

  • Banque : e-banking

Niveau d’adoption des TICs par les institutions locales, l’accès aux TICs de l’ensemble des banques est une réalité. Des activités en cours telles que le mobile banking, le mobile money permettront d’améliorer le taux de bancarisation au Cameroun qui se situe autour de 12% aujourd’hui.

 

  • Santé : initiative e-santé

Quatre centres hospitaliers camerounais sont connectés à un réseau de télémédecine. Le développement des applications telles que le cardiopad, Giftedmoon va permettre d’améliorer l’accès des populations aux services de santé.

  • Education : e-éducation

28 sur 33 sites des universités sont connectés à internet.

50 lycées sont connectés à internet.

Nombre de bibliothèques numériques : il n’y’a pas encore de bibliothèques numériques digne de ce nom.

  • Culture et tourisme

La plateforme pour la numérisation du patrimoine touristique et culturel est en cours de déploiement.

 

          d) Cybercriminalité

Indicateur du marché de la certification électronique : il existe une autorité de certification, l’ANTIC et le nombre d’application sécurisées est de 05 de nos jours. Les banques, filiales d’entreprises multinationales sécurisent leurs données grâce aux PKI mises à la disposition par leur maison mère (Eco Bank, SCB, SGBC, Standard…). La BEAC dispose également de sa propre PKI.

CIRT : il existe actuellement un CIRT mis en place par l’ANTIC. Un projet visant le renforcement de ce CIRT est en cours.

 

III.2 – Infrastructure de télécommunication et service numérique

 

  • Les services de télécommunication et les services numériques

Les services sont regroupés en services de téléphone fixe et fixe large bande, services mobiles et mobiles large bande, l’accès à internet et les services numériques.

Les taux de pénétration de la téléphonie fixe (Tptf) et celui de la téléphonie fixe large bande (Tptfb) pour les onze pays de la CEEAC en 2017 sont extrêmement bas (de 0 à 4%) et ont une moyenne sous régionale respective de 0.87% (Tptf) et 0.18% (Tptfb). Ces taux sont inférieurs à la fois à la moyenne africaine et à la moyenne mondiale (de 12.4% pour la téléphonie fixe).

Pour les services de téléphonie mobile et mobile large bande, les taux de pénétration pour les pays de la CEEAC en 2017 sont en constante progression d’une année à l’autre, avec une moyenne sous régionale respective 65.81% et 22.48% et sont proches de la moyenne africaine, mais encore en deçà de la moyenne mondiale (respectivement 103.6% et 62%).

Pour ‘’le large bande’’, les vitesses de transmission de quelques mégabits (inférieur à 10) sont également faibles par rapport à la tendance mondiale.

Population utilisant internet 48.6% (Cameroun environ 24.5%), habitants ayant un accès internet 46.9% (Cameroun environ 22%), habitants ayant un ordinateur 54.5% (Cameroun environ 18%). Ils ont des valeurs très inférieures aux moyennes mondiales. On observe une claire fracture numérique si on compare ces indicateurs pour les femmes et les hommes, pour tous les pays de la sous-région dont les données sur la répartition du taux de pénétration de l’internet selon le genre.

Selon le rapport « UNCTAD e-commerce index 2013 : Focus on Africa » en 2016, dans les pays comme le Royaume uni, la Chine, la Malaisie le e-commerce représentait respectivement 7.3%, 6.9% et 6.4% de leur PIB.

Une évolution des performances du e-commerce peut être calculée à travers l’indice du e-comme B2C qui se base sur le pourcentage d’individu ayant accès à internet, le pourcentage de personne disposant d’un compte auprès d’établissements financiers, le nombre de serveurs sécurisés et la qualité de la chaine logistique. Selon les données disponibles, le Cameroun occupe la 10e et le Gabon la 12e place en Afrique (2017) sur 44 pays. Sont également classés Rwanda (19e), Angola (29e), Congo (38e), Burundi (44e), RDC (41e) et Tchad (43e).

 

III.2- Infrastructures de communication électronique

Il s’agit essentiellement du réseau à fibre optique qui est la dorsale servant de support fiable pour interconnecter les différents nœuds du réseau.

Pour ce qui concerne le Cameroun, à titre d’exemple, le réseau de transport national terrestre à fibre optique dispose d’un linéaire d’environ 12 000 Km. 10 régions/10, 52 départements/58 et 209 arrondissements/360 ont accès à la fibre optique.

Au niveau de la CEEAC, le Cameroun et le Congo disposent de 02 IXP (point d’échange internet) chacun et Angola, Burundi, Gabon, RDC et Rwanda possèdent chacun 01 IXP. Trois pays de la CEEAC (Gabon, Congo, Rwanda) ont des RIXP (Regional Internet Exchange Point).

Concernant les liaisons d’interconnexion directe entre les pays à ce jour ce projet est effectif dans trois intercommunications (Cameroun-Tchad, Guinée équatoriale-Cameroun, Congo-Gabon). Il est important de remarquer que plusieurs travaux d’interconnexion directe sont en cours. Pour la sécurisation des transactions le Cameroun, le Gabon et le Rwanda ont mis en place une infrastructure à clé publique indispensable pour la confiance en l’économie numérique.

 

          a) Positionnement du Cameroun au plan international

Plusieurs organisation au niveau internationale ont retenu divers indices et classement pour présenter le niveau de développement de l’économie numérique ou de certaines de ses composantes essentielles dans le pays, les sous régions, les régions ainsi qu’au niveau global. Les plus connus de ces indices sont :

  • L’indice de préparation de réseau (NRI) produit par le World Economic Forum.
  • L’indice de développement de l’e-goverbment (EGDI) qui produit chaque année par le département des affaires économiques et sociales du secrétariat général des nations unies.
  • L’indice cyber sécurité (GCI) émanant de l’UIT.

 

         b) Indice NRI

Avec une valeur de 3 sur une échelle de 1 à 7, le Cameroun occupe le 126e rang mondial sur les 143 pays évalués. Il est considéré comme un pays moyen-bas. Le faible classement du Cameroun est dû notamment au faible développement des infrastructures dont la valeur est de 1.2, au faible usage individuel avec une valeur de 1.9 et aux coûts peu abordables.

 

          c) Indice de développement e-GOV

Cet indice pour lequel le Cameroun affiche une valeur de 0.2782 sur une échelle de 0 à 1, intègre trois piliers à savoir les infrastructures, le capital humain et les services en ligne. Sur ces piliers, le Cameroun affiche respectivement les valeurs de 0.0958, 0.5421, et 0.1968 sur une échelle de 0 à 1.

Si la situation du capital humain est acceptable, celle des infrastructures et des services en ligne est moins enviables. Le Cameroun occupe ainsi le second rang dans la sous-région Afrique centrale, derrière le Gabon dont la valeur de l’indice est de 0.3294. En Afrique, la Tunisie occupe le 1er rang avec 0.5390 et au niveau mondial, la république de Corée est classée 1ère avec 0.9462.

E-government (2014 EGDI : 0.2782)

2014 rang 144

2012 rang 147

Change -3

E-participation (2014 EPART : 0.1569)

2014 rang 148

2012 rang 134

Change +14

 

        d) Indice du cyber sécurité GCI

Le Cameroun 5e en Afrique et 15e exe quo dans le monde. Cet indicateur montre que le niveau d’accès actuel aux TICs jouit d’un niveau de sécurité acceptable

 

  IV- Diagnostic

Le Cameroun étant la 13e économie du continent ne fait pas partir des 15 pays africains où le taux d’accès à l’internet haut débit est le plus élevé (Engo 2016). De plus les investissements du pays dans le numérique sont restés 5 fois moins importants qu’au Ghana et 7 fois moins importants qu’au Sénégal (Akam S.d)

 

      a)  Les défis de l’économie numérique

Dans son rapport de 2017 sur l’accessibilité à internet, le Cameroun occupe le 5e rang des 10 pays africains où le coût d’accès à internet est plus élevé (Alliance for Affordable internet 2017).

  • Mauvaise qualité des infrastructures

Le marché est en pleine structuration, souffrant encore du manque d’infrastructures, cela dit, les câbles réseaux restent inadaptés aux contraintes climatiques et sont souvent détériorés par les intempéries.

  • Faible bancarisation couplée aux réticences face aux paiements en ligne

Le taux de bancarisation est passé de 13.8% en fin 2011 à peine 20% en 2015 (investir au Cameroun 2015). De plus, la population est souvent réticente à payer en ligne en raison de la cybercriminalité qui sévit.

  • Contraintes logistiques

Il est indéniable que l’économie numérique a eu un apport au niveau de la composition de la main d’œuvre au point de favoriser la création de nouveaux emplois au sein des entreprises. Par exemple pour MTN ou Orange, la tendance est à la spécialisation d’une main d’œuvre de plus en plus performante capable d’innover en matière de bien d’économie numérique. Le nombre d’emplois direct crées dans le secteur des TICs représente 3 à 5% active dans le monde.