RESUME
L’objectif de cette communication est de presenter les grandes tendances et faits stylisés du secteur de l’entrepreunariat numerique en Afrique. Cet article se propose donc de faire un point sur la situation de la progression et de la vision entrepreneuriale du secteur numérique en Afrique tout en évaluant et comparant les agrégats des économies des pays en développement a ceux du continent Africain.
En effet, pour beaucoup de penseurs de la croissance et du développement économique, les opportunités qu’offrent le secteur du numerique couplées au boom des entreprises travaillant dans le secteur des nouvelles technologies de l’information de la communication dans les pays en développement ouvrent la porte a des opportunités de croissance inespérées pour les économies moins avancées. De même, pour ces spécialistes de la politique économique, ces dernières observations devraient emmener les décideurs et les stratèges des pays en développement a réexaminer les politiques et plans afin de saisir l’opportunité qu’offre la croissance numérique.
C’est dans l’optique de faire un travail préalable a cette dernière reforme que nous faisons une évaluation et un état des lieux du numerique en Afrique.
Il s’agit notamment de faire un point sur le contexte actuel, sur les progrès et les avancées observées dans un premier temps, ensuite, nous ferons une analyse des perspectives, des missions auquelles le numerique est confronté sur le continent Africain ; enfin nous présenterons les dernières tendances des indicateurs ainsi que les attentes auxquelles sont confrontées le numerique Africain.
Mots clés : développement numérique, fracture numerique, révolution numerique
- Un potentiel et des opportunités pour des économie en pleine mutations …
S’il est bien un aspect de la vision du développement qui fait aujourd’hui un consensus à la fois dans les milieux professionnels d’étude du domaine que chez les profanes que l’on soit en Europe, en Amérique ou en Afrique c’est que l’expansion économique des pays est conditionnée ou tributaire de la capacité de ces derniers à impulser le développement numérique dans son ensemble. En effet, les experts sont de plus en plus unanimes pour affirmer que les technologies de l’information et de la communication (TIC) occupent une place de plus en plus incontournable et indéniable dans les sociétés du XXIème siècle.
L’observation du continent Africain interpelle les chercheurs de par ses caractéristiques spéciales et les aspects intrinsèques qui le constituent.
Premièrement, le relatif retard économique que connait ou qu’a connu le continent Africain fait que celui-ci offre de nombreuses opportunités économiques dans pratiquement tous les pans et secteurs de l’activité économique. De plus, la nécessité pour l’Afrique de faire du développement socio-économique numérique doit être une priorité absolue car les opportunités en termes d’insertion d’innovation sont grandes et peuvent encore s’appliquer à quasiment tous les secteurs ; ce plus d’autant plus que la transformation numérique est une force motrice pour une croissance innovatrice, inclusive et durable. Qu’il s’agisse d’innovations telles que les plates formes monétaires mobiles ou l’externalisation à grande échelle des processus commerciaux, la numérisation crée des emplois, s’attaque à la pauvreté, réduit les inégalités, facilite la fourniture de biens et de services et contribue à la réalisation de l’Agenda 2063 et des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.
Deuxièmement, l’Afrique est le continent dont la population connait la plus forte croissance démographique (soit un taux de croissance annuel de 2,5% contre un taux de 1,12% au niveau mondial), avec une forte proportion de population jeune. Selon le rapport « La consommation en Afrique – Le marché du XXIe siècle » du cabinet Deloitte[1] plus de 200 millions d’Africains, soit plus de 20 % de la population totale de jeunes, sont âgés de 15 ans à 24 ans. Il précise que ce chiffre devrait passer à 321 millions d’ici à 2030 et que les jeunes Africains, soit une grande partie de la classe moyenne émergente, aspireront à un plus grand choix de produits et de services, ainsi qu’à une plus grande connectivité. L’Afrique devrait devenir le deuxième marché le plus important pour les investissements des sociétés européennes des biens de consommation. Quand on prend en compte le fait que l’Afrique a moins de défis hérités du passé à relever et adopte donc des solutions numérisées plus rapidement par nécessité ; il apparait donc que pour l’Afrique, le présent est une opportunité à saisir. Les technologies d’aujourd’hui, telles que l’intelligence artificielle, la robotique, la chaîne de blocs, les drones, l’Internet des objets, les technologies portables, l’impression 3D, le Big data et les logiciels de plates-formes industrielle, indiquent l’échelle et la vitesse auxquelles la technologie transforme les secteurs socio-économiques traditionnels.
Enfin, d’un point de vue social et de perspectives en termes de croissance et développement, pendant les 15 dernières années, l’Afrique a connu une croissance économique impressionnante, en effet, la croissance du produit intérieur brut (PIB) en volume a plus que doublé en moyenne, passant d’un taux à peine supérieur à 2 % dans les années 1980 et 1990 à plus de 5 % entre 2001 et 2014. Confronté aux vents contraires de l’économie mondiale, le continent Africain affiche une croissance plus modérée depuis deux ans. En 2015, les économies africaines ont enregistré une progression moyenne de 3.6 % (contre 3.7 % en 2014), un fléchissement faible mais plus net qu’escompté (d’un point de pourcentage environ) dans l’édition 2015 des Perspectives économiques en Afrique. Hors Libye, où la production de pétrole reste instable, l’Afrique a atteint un niveau global de croissance de 3.7 % en 2015, en recul par rapport à 2014 (4.2 %). Les perspectives macroéconomiques présentées ici tablent sur une reprise progressive de l’économie mondiale et un lent raffermissement des cours des produits de base. Au vu de cette conjoncture internationale, l’Afrique devait connaître ( selon les prévisions des organismes spécialisés) une croissance moyenne modérée en 2016 (3.7 %), mais qui devait rebondir en 2017 à 4.5 %[2].
Bien que la crise économique connu autour de l’année 2015 a eu un impact fort sur le développement des autres continents, la résistance du continent Africain a surpris un grand nombre et a laissé entrevoir de belles perspectives pour le futur économique du continent. En effet, Malgré cette conjoncture internationale défavorable, la croissance africaine est restée supérieure à la croissance mondiale. Elle a aussi été nettement plus soutenue qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, où les graves récessions que traversent le Brésil et le Venezuela ont fait quelque peu reculer le PIB. De sorte que, malgré ce ralentissement, l’Afrique est toujours la deuxième région la plus dynamique du monde. Plusieurs pays africains (la Côte d’Ivoire, Djibouti, l’Éthiopie, le Mozambique, le Rwanda et la Tanzanie) se retrouvent dans le palmarès de tête, avec une croissance comprise entre 6 et environ 10 %.
Le taux de croissance du produit intérieur brut réel, estimé à 3,4 % pour 2019, devrait s’accélérer pour atteindre 3,9 % en 2020 et 4,1 % en 2021. Six des dix économies les plus dynamiques du monde sont en tête : le Rwanda, l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Tanzanie et le Bénin. Les facteurs fondamentaux de la croissance s’améliorent également avec une transition progressive de la consommation privée aux investissements et aux exportations. Pour la première fois en dix ans les investissements ont représenté plus de la moitié de la croissance du continent, la consommation privée représentant moins d’un tiers.
- …Les organismes de gestions sont mobilisés…
- Cadre général
La conception du cadre de développement du numérique en Afrique est assurée par les experts et les organes de l’union Africaine ces derniers ont mis sur pied un document qui retrace la feuille de route de ce plan de développement du la période 2020 à 2030[3].
Sur la base des décisions du Conseil exécutif de l’Union africaine relatives aux TIC[4], de la résolution 812-XXXI de la CEA sur l’Initiative pour une société africaine de l’information et de la réunion du Conseil d’administration de Smart Africa tenue en marge de la 32ème Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine qui a souligné la nécessité pour le secteur des TIC de piloter ce processus, la Commission de l’UA a entrepris de développer une stratégie globale pour une transformation numérique en Afrique en collaboration avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), Smart Africa, l’Agence de développement de l’Union africaine (AUDA-NEPAD), les Communautés économiques régionales, la Banque africaine de développement (BAD), l’Union africaine des télécommunications (UAT), la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), l’Union internationale de télécommunications (UIT) et la Banque mondiale (BM).
La stratégie de transformation numérique pour l’Afrique s’appuiera sur les initiatives et les cadres existants tels que l’Initiative de politique et de réglementation pour l’Afrique numérique (PRIDA), le Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA), la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les Institutions financières de l’Union africaine (AUFI), le Marché unique africain du transport aérien (SAATM) et la Libre circulation des personnes (LCP) pour favoriser le développement du marché numérique unique africain (DSM), dans le cadre des priorités d’intégration de l’Union africaine. L’initiative Smart Africa fait de la création d’un marché unique numérique en Afrique sa vision stratégique.
- Grandes tendances
La place prépondérante qu’a conquis le numérique ces dernières années s’explique aisément par le fait que le numérique est le secteur qui est le plus rapide et le plus propice à conduire une croissance sans besoin préalables d’énormes ressources (qu’elles soient naturelles ou purement énergétiques).
Au sein du Système des Nations Unies, la vision en matière de développement de l’économie numérique au niveau mondial est portée par la Commission «Le large bande au service du développement durable» créée en mai 2010, qui comprend l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et de hauts dirigeants des secteurs public et privé, ainsi que d’organismes internationaux et d’organisations qui œuvrent pour le développement.
Dans le cadre de l’agenda 2030 des Nations Unies, plusieurs études vont dans le même sens en relevant le rôle capital que pourrait jouer les technologies de l’information dans le développement de solutions propice à la croissance et exploitables à la fois pour les pays développés et les pays en développement.
Le domaine qui serait le plus influence serait surement celui de l’entrepreneuriat, en effet, les TIC, le commerce électronique et d’autres applications numériques peuvent servir à promouvoir l’entrepreneuriat ; dernièrement, la crise du Covid-19 est venu révéler au monde l’importance cruciales que réservent les TIC pour la performance des secteurs de l’entreprise. De plus, l’innovation et le développement de nouvelles technologies ont été un moteur essentiel a l’émergence de nouveaux secteurs d’emplois dans les économies Américaines et Européennes, Il est donc possible d’utiliser les solutions numériques pour faciliter l’accès des MPME des pays en développement aux services financiers (paiements en ligne et par téléphone mobile) et aux marchés (par exemple, en exploitant les possibilités offertes par les marchés virtuels), ainsi que pour permettre leur intégration aux chaînes de valeur.
Il est important en plus de ces constations de faire un point sur les grandes tendances et les regroupements en termes de caractéristiques de zones continentales.
En effet,les stratégies et pratiques relatives à l’e-gouvernement en Afrique, telles qu’illustrées par l’EGDI (0,33), sont plus élaborées que celle des pays à faibles revenus (0,3). L’Afrique subsaharienne (ASS) est véritablement à la traîne concernant le développement de l’e-gouvernement par rapport à l’Afrique du Nord (0,31 et 0,46 respectivement) et les deux sous-régions demeurent toujours en dessous des médianes des pays à revenu intermédiaire (tranche inférieure) et des pays à revenus intermédiaires (tranche supérieure). Enfin, le développement de l’e-gouvernement est inférieur parmi les pays impactés par la fragilité, les conflits et la violence (FCV) (0,26) et les pays de l’ASS centrale et occidentale (0,28). Ces résultats sont corroborés par l’analyse de l’indice des services en ligne (OSI) de l’e-gouvernement. L’efficacité et la convivialité des plateformes prises en charge par le gouvernement, telles qu’illustrées par l’OSI en Afrique (et notamment dans l’Afrique subsaharienne) sont similaires aux pays à faibles revenus (0,31). Les plateformes du gouvernement sont moins faciles à utiliser et moins accessibles en termes de contenu parmi les pays impactés par les FCV (0,21) et les pays de l’ l’Afrique subsaharienne centrale et occidentale (0,26).
En termes de mesure d’impact du numérique sur le secteur de l’employabilité et du développement entrepreneurial, l’entrepreneuriat numérique est généralement représenté par la qualité de l’entrepreneuriat et par l’envergure et la profondeur de l’écosystème entrepreneurial de soutien illustré par l’indice d’entrepreneuriat mondial 2018 (Global Entrepreneurship Index [GEI]) compilé par le Global Entrepreneurship and Development Institute (2018). Cet indice classe 137 économies en fonction de la capacité et des mesures nécessaires pour mettre en place un écosystème d’entrepreneuriat. La notation GEI pour le continent africain (18,3) est inférieure à celle des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (tranche inférieure) (25 et 20,1 respectivement). L’Afrique du Nord a davantage progressé dans l’appui à ces écosystèmes, en comparaison avec l’Afrique subsaharienne (26 et 16 respectivement). Seuls quatre pays africains ont des notations GEI supérieures à la moyenne mondiale (27,8). Il s’agit du Botswana, du Maroc, de la Namibie et de l’Afrique du Sud. De l’autre côté du spectre, neuf pays sur dix au bas des notations du GEI sont situés en Afrique (5 pays étant situés en Afrique occidentale) : par ordre décroissant, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, l’Ouganda, la Sierra Leone, le Malawi, le Burundi, la Mauritanie et le Tchad[5].
- Les défis
Le numérique aujourd’hui apparait comme une aubaine pour l’Afrique car il lui offre une possibilité d’Access a une croissance rapide et sans les couts traditionnellement envisagés. Seulement, jusqu’en 2018 à peine 24 % de la population avaient accès à l’Internet et aux innovations numériques. Cette dernière statistique démontre que de nombreux défis restent encore d’actualité sur la route de la croissance par le numérique.
Un des premiers défis est celui de la fracture numérique qui peut être associé à des facteurs tels que l’accès, le prix, l’âge, la langue, la bande passante, le genre, le lieu, la disponibilité des contenus ou des usages utiles. Ainsi, en 2018, 31% de la population mondiale, n’avaient pas accès au mobile large bande. Plus grave encore dan les espaces ruraux africains les problèmes ne sont pas encore au niveau de l’Access a la connexion ou aux nouvelles technologies mais bien au contraire il s’agit encore de l’accès aux services de base tels que l’accès a l’énergie a l’eau et même dans certains des cas l’accès à un repas décent. Dans les espaces urbains ou le niveau de vie est plus ou moins moyen, le niveau est un peu plus conséquent. De manière générale, L’accès aux technologies du numérique reste faible en Afrique. Le continent est à la traîne du reste du monde en ce qui concerne la disponibilité de l’Internet large bande et son accès. Par exemple, 18 des 20 pays les moins connectés en 2017 se trouvaient en Afrique (GSMA 2018)[6]. Des gains considérables pourraient être produits en insérant le continent dans la mouvance de la révolution numérique et en rassemblant les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les partenaires au développement pour faire émerger une vision audacieuse pour les nations africaines. La révolution numérique promet de fournir des gains de produits et de productivité, mais elle pose également de nouveaux défis. Par exemple, les gouvernements devront mettre en œuvre des politiques destinées à diminuer la fracture numérique entre les connectés et les non connectés, et à coordonner des actions pour contrecarrer l’augmentation de risques cybernétiques et de risques pour la protection de la vie privée[7].
- Evaluation selon quelques indicateurs
La progression et l’intégration du numérique en Afrique peuvent être évaluées selon plusieurs facteurs, dans le cadre de cette partie nous ressortiront les gaps et les écarts dans certains secteurs à la fois pour le continent et l’extérieur mais aussi dans certains cas les écarts inter continentaux.
Les écarts ici sont principalement mesures par rapport à trois ( 3) facteurs ; notamment les infrastructures numériques (services large bande fixes et mobiles) dans un premier temps, ensuite il s’agira des services financiers numériques et enfin nous aborderons le pan des plates formes numériques.
En termes d’intégration numérique, selon le rapport Africa Pulse 2020, nous pouvons observer la région Afrique dans son ensemble (mesurée par les valeurs moyennes des pays en 2015-2017) et par regroupement de pays en fonction de leur localisation géographique:
Afrique du Nord (AN), Afrique subsaharienne (ASS), Afrique orientale et australe (AOA) et Afrique occidentale et centrale (AOC). Il ressort donc que d’un point de vu général, en termes de pénétration du large bande fixe, toutes les zones ci-dessus évoquées présentent un gap de plus de 75% par rapport au reste du monde.
En termes de la qualité du service fournit, a l’exception de l’Afrique du nord ou le gap en termes de qualité est plus élevé, pour le reste du continent l’écart en termes de qualité de connexion fournie se situe autour de 50%.
De nombreuses raisons justifient ces écarts observes entre le continent Africain et le reste du monde sur le plan du service numérique. Il s’agit notamment :
- Les coûts plus élevés d’installation du large bande fixe en Afrique
- Le déficit des infrastructures filaires dans de nombreux pays à faible revenu
- Une réglementation moins favorable à la concurrence dans le déploiement et la fourniture de services fixes large bande
- L’avènement des réseaux sans fils moins couteux.
En plus de ces raisons qui sont fortement liées à la fourniture du service nous pouvons ajouter l’écart considérable de développement souvent observe entre les zones urbaines et les zones rurales ; en plus du manque ou de la faible fourniture des services de base tel que l’électricité.
Tout de même, en ce qui concerne la connexion sans fil, l’écart est moins important, avec l’expansion et la forte propagation des téléphones portables, l’écart entre l’Afrique et le reste du monde se situe entre 25 et 50% et va même en dessous de 25% en Afrique du nord pour ce qui concerne la connexion sans fil.
Dans le domaine de l’accès aux infrastructures numériques, les écarts de pourcentage de couverture de la population par un réseau mobile entre l’Afrique, tous les groupes de pays et la référence mondiale ne sont pas importants (moins de 25 %). Cependant, il existe des différences dans l’évaluation des écarts entre les pourcentages de couverture de la population par un réseau mobile 3G et la couverture par un réseau LTE/WiMAX (sans fil). De façon générale, la couverture de la population est plus souvent assurée par des réseaux mobiles 3G (55 %) que par des réseaux 4G ou LTE (22 %). L’Afrique du Nord fait mieux que l’Afrique subsaharienne pour la couverture de la population par des réseaux 3G et 4G.
En ce qui concerne les services financiers, l’Afrique est le leader mondial de l’argent mobile. En effet, les opérateurs du secteur des télécommunications accueillent favorablement les pratiques innovantes permettant aux consommateurs de payer leurs factures et d’accéder à d’autres produits financiers, tels que les prêts, les assurances et l’épargne.
La pénétration en matière de comptes d’argent mobile est nettement plus faible en Afrique du Nord qu’en Afrique subsaharienne (les écarts par rapport à la référence mondiale sont respectivement de 8 et 97 %). La région Afrique est également en tête en ce qui concerne le pourcentage de la population adulte qui envoie ou reçoit des fonds nationaux via un téléphone cellulaire.
- visions et perspectives
- Vision d’ensemble
Dans le cadre de l’agenda 2030 des Nations Unies où la communauté internationale a fixé 17 ODD, plusieurs études ont fait ressortir le rôle crucial que peuvent jouer les technologies numériques. Aussi, selon le rapport 2017 de la CNCED sur « l’économie de l’information », les TICs, le commerce électronique et autres applications numériques peuvent servir à promouvoir l’entrepreneuriat, notamment en assurant l’autonomisation des femmes en tant que chefs d’entreprises et commerçantes, les activités produites, la créativité et l’innovation, ainsi que la création d’emplois décents. Peuvent également stimuler la croissance des micros entreprises et des PME et faciliter ainsi leur intégration dans le secteur informel.
Utiliser les solutions numériques pour faciliter l’accès des MPME des pays en développement aux services financiers (paiement en ligne et par téléphone mobile) et aux marchés, ainsi que pour permettre leur intégration aux chaines de valeur.
L’économie numérique présente de nombreuses opportunités pour l’Afrique. En effet, des produits comme la conception et du développement des applications, l’intelligence artificielle ou le traitement des données à grande échelle (Big data) demandent peu d’investissement en équipements ou matériels, car nécessitant seulement un ordinateur muni de langages de programmation et repose essentiellement sur la matière grise, ce qui met les africains pratiquement au pied d’égalité avec les autres pays pour le développement de solution de logiciel, les innovations adaptées à leurs besoins.
Une analyse du développement et spécialement des aspects de développement humain nous apprend que les bénéfices de la croissance que le continent africain pourrait tirer de la réalisation des cibles de Moonshot de l’économie numérique lui permettrait d’augmenter sa croissance par habitant de 1,5 point de pourcentage par an et de réduire son taux de pauvreté par habitant de 0,7 point de pourcentage par an. Les bénéfices de la croissance et les effets en termes de réduction de la pauvreté sont plus importants en Afrique subsaharienne qu’en Afrique du Nord : la croissance augmenterait de 1,95 point de pourcentage par an en Afrique subsaharienne, contre 0,4 point de pourcentage par an en Afrique du Nord et la réduction de la pauvreté de 0,96 point de pourcentage par an en Afrique subsaharienne, contre 0,2 point de pourcentage en Afrique du Nord. De plus, les gains en termes de croissance et de réduction de la pauvreté sont plus élevés si nous prenons en compte l’interaction de l’économie numérique avec des éléments complémentaires analogiques tels que le capital humain. Les gains de croissance peuvent augmenter de 3,8-4 points de pourcentage par an tandis que les effets en termes de réduction de la pauvreté augmenteraient de 1,9 à 2 points de pourcentage par an[8]
Lors de la 33eme session du Comité Intergouvernemental d’Experts (CIE) d’Afrique Centrale, tenue en 2017 à Douala (Cameroun), à travers le Consensus de Douala, un appel à l’action a été lancé en direction des acteurs majeurs des secteurs public et privé, pour passer du cercle vicieux de l’exportation des matières premières non transformées au cercle vertueux de l’ajout de la valeur aux ressources naturelles, grâce à la diversification et l’industrialisation de leurs économies.
- Perspectives
Le contexte actuel est fortement propice à une insertion des outils numériques en vue de booster la croissance économique ; le continent africain pourrait bénéficier d’une révolution numérique susceptible d’assurer une croissance soutenue et de fournir aux millions de jeunes qui rejoignent chaque année la population active des emplois dont ils ont vraiment besoin. Dans le monde en développement, environ 90 % des emplois sont créés par le secteur privé (Banque mondiale 2013). Ainsi, donc aux vues de ces perspectives de croissances, il devient trivial pour les dirigeants politiques de mettre en place voir d’ajuster les politiques. En plus des politiques de développement numérique, il faut aussi promouvoir des politiques qui encouragent l’entrepreneuriat, et en particulier l’entrepreneuriat dans le numérique, pour approfondir le développement du secteur privé et accélérer la création d’emplois. Le secteur public aura un double rôle important dans ce nouvel environnement : il utilisera les technologies du numérique pour fournir des produits et services essentiels, et en même temps réglementera les fonctions et les activités associées à l’économie du numérique.
De plus, il y a avec le numérique une possibilité claire de « bruler les étapes de la croissance traditionnelle ». Traditionnellement il est admis que le développement économique suit un processus étapiste qui suppose la mise en place progressive de nombreux facteurs propices à impulser le développement.
Il est donc dans ce sens indispensable de procéder à une révolution numérique. En plus de profiter de la révolution numérique déjà enchainée dans de nombreuse partie du monde, l’Afrique doit entreprendre des réformes et promouvoir des investissements dans l’économie du numérique pour accélérer la croissance, et si possible, brûler les étapes du modèle traditionnel de croissance, en mettant en place les infrastructures, les systèmes et les compétences de base nécessaires.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BAD ( 2020).Perspectives économiques en Afrique. Banque Africaine de développement
BAD, OCDE, PNUD (2016). Perspectives économiques en Afrique 2016, villes durables et transformations structurelles
Banque Mondiale ( 2019). Une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique. Africa Pulse, volume 19
Joseph Herman Tiona Wamba, Barbara Linda Ngono Ndjie. ÉCONOMIE NUMÉRIQUE ET CROISSANCE ÉCONOMIQUE AU CAMEROUN. 2019.
UNECA ( 2019). Transformation numérique et diversification économique en Afrique centrale : enjeux, défis et opportunités. Rapport provisoire.
UNION AFRICAINE. Projet de stratégie de transformation numérique pour l’Afrique (2020-2030)
[1]https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/fpc/Documents/secteurs/consumer business/deloitte_consommationen-afrique_juin-2015.pdf
[2] Perspectives économiques en Afrique 2016 ; VILLES DURABLES ET TRANSFORMATION STRUCTURELLE ;2016
[3] La vision du développement numérique de l’Afrique conçu par les stratèges de l’union africaine est déclinée dans le document « PROJET DE STRATÉGIE DE TRANSFORMATION NUMÉRIQUE POUR L’AFRIQUE (2020-2030) »
[4]EX.CL/Dec.739(XXII),EX.CL/Dec.545(XVI),EX.CL/Dec.613(XVIII),EX.CL/Dec.835(XXV), EX.CL/Dec.987(XXXII)
[5] Africa pulse, une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique. Avril 2019.volume 19
[6] La couverture du réseau infrastructurelle mobile GSMA est une moyenne pondérée des couvertures des 2G (20 %), 3G (40 %) et 4G (40 %). Les données du GSMA ne comprennent pas l’Érythrée, le Soudan du Sud, la République centrafricaine, Djibouti, la Somalie, les Comores et la Guinée équatoriale où la pénétration du sans-fil est inférieure à celle du Libéria qui est classé comme étant le quatrième pays le moins couvert. Ce calcul ne comprend pas le Libéria, Sao Tomé et Principe et la Libye. Les deux pays non africains les moins connectés aux réseaux sans fil sont l’Afghanistan et Haïti.
[7] Africa pulse, une analyse des enjeux façonnant l’avenir économique de l’Afrique. Avril 2019.volume 19
[8] Pour mieux cerner l’ordre de grandeur économique de cet effet, la Banque mondiale (2017a) a montré qu’en comblant le fossé en termes de qualité et de quantité d’infrastructures (transport par route, électricité et télécommunications), la croissance par habitant en Afrique subsaharienne augmenterait de 2,6 points de pourcentage par an. Ces calculs ne prennent en compte ni le calendrier ni les coûts monétaires significatifs impliqués par le rattrapage du retard en infrastructures.