Selon l’économiste KAKO Nubukpo, « Les envois de fonds des migrants vers les pays en développement sont devenus la deuxième plus grande source stable de financement extérieur après les investissements directs étrangers, et avant l’aide au développement : les 441 milliards de dollars d’envoi de fonds vers les pays en développement représentent trois fois le volume de l’aide publique au développement. Contrairement aux perceptions, on constate que les migrants aident le plus leur famille restée dans les pays d’origine. Les envois de fonds ont généralement un impact positif sur la croissance économique dans les pays d’origine des migrants car ils constituent du pouvoir d’achat additionnel pour les familles des migrants restées au pays, dont la hausse de consommation est bonne pour la croissance. En revanche, comme ces transferts ne financent pas l’investissement, mais essentiellement la consommation ; ils ne génèrent pas des capacités productives nouvelles et donc ne créent pas de croissance à long terme. Au contraire, ils peuvent alimenter un surcroit d’importations de biens et services dans les pays d’origine des migrants, fragilisant ainsi les équilibres macroéconomiques dans ce pays.” Bien que cette dernière analyse démontre que les envois de fonds ne financent pas l’investissement elles révèlent l’importance au combien cruciale des fonds pour les agents économiques en Afrique.
À cette pette période de digitalisation, réussir à créer et développer son entreprise ne requiert pas uniquement de la visibilité et un bon business plan ; pour se lancer dans les affaire il faut surtout et avant tout démarrage pouvoir trouver du financement mais surtout un financement d’impact.
“Les investissements d’impact sont les investissements faits dans les entreprises, organisations, fonds, avec l’intention de générer les impacts sociaux et environnementaux en parallèle d’un retour financier” -Fondation Rockefeller (GIIN).
En effet, Le défi le plus évident est peut-être le fait que la plupart des jeunes pousses en Afrique ont des difficultés à lever des capitaux. Les entrepreneurs et les propriétaires de petites entreprises n’ont pas facilement accès au financement pour développer leurs activités, et ils sont généralement confrontés à des problèmes de garantie, de taux d’intérêt élevés, de frais bancaires supplémentaires, d’incapacité à évaluer les propositions financières, de connaissances financières limitées, ce qui rend l’accès au financement difficile pour les petites entreprises.
Pour remédier à l’incapacité des entrepreneurs à obtenir des banques des capitaux de démarrage en raison des exigences de garantie, les initiatives de financement alternatif se multiplient ; c’est ainsi que l’on observe depuis ces dernières années l’émergence de Financement participatif ou crowdfunding.
C’EST QUOI LE CROWDFUNDING ?
Le crowdfunding est un terme anglais pour désigner un « financement participatif » ou « socio financement » qui désigne l’ensemble des outils et méthodes de transactions financières qui font appel à un grand nombre de personnes afin de financer un projet. Ce mode de financement se fait sans l’aide des acteurs traditionnels du financement et permet de collecter les apports financiers généralement des petits montants d’un grand nombre de particuliers au moyen d’une plateforme sur internet en vue de financer un projet.
CROWDFUNDING : IMPACT EN AFRIQUE
Selon le rapport de la fin talk mag, digital business Africa, Business in cameroon, BEAC, la Banque mondiale estime le potentiel de crowdfunding en Afrique de l’ordre de 1375 milliards de FCFA en 2025 ; avec un pourcentage de croissance de 101% en 2015 et de 300% en 2025.
Le crowdfunding a pris d’assaut le monde en 2007 lorsque Indiegogo a commencé à mettre en relation, en ligne, des créateurs de projets en herbe avec des bailleurs de fonds individuels du monde entier. Près de dix ans plus tard, les créateurs de projets collectent aujourd’hui des millions de dollars pour leurs campagnes sur les principales plateformes de financement par la foule, comme le montre le succès de la campagne Pebble smartwatch qui a atteint plus de 20 millions de dollars sur Kickstarter en 2015.
La solidarité financière et la collecte de fonds au niveau communautaire font partie intégrante de la culture et des traditions africaines. Dans toute l’Afrique, les communautés ont l’habitude de mettre en commun des fonds pour soutenir divers projets locaux à vocation caritative, sociale et économique. Ce n’était qu’une question de temps pour que les Africains saisissent l’occasion de traduire le processus de collecte de fonds en ligne et de prendre le train en marche du financement communautaire. En 2012, neuf plateformes de financement communautaire ont été créées en Afrique, comme Slicebiz, M-Changa, Starme, Shekra ou Jumpstarter. En 2015, 57 plateformes de financement communautaire étaient en activité en Afrique. L’Afrique du Sud était en tête du crowdfunding africain avec 21 plateformes actives, et le Nigeria rattrapait son retard avec 9 plateformes opérationnelles.
Bien qu’elles opèrent dans un environnement commercial avec une faible pénétration d’Internet, une faible utilisation des médias sociaux et des solutions limitées de transfert de fonds et de paiement, les plateformes de crowdfunding basées en Afrique ont réussi à lever environ 32,3 millions de dollars en 2015. Les fonds collectés ont été principalement destinés au financement de start-ups et de PME (17,7 millions de dollars), à des projets immobiliers investis par la foule (13,6 millions de dollars), à des voyages financés par la foule (319 434 dollars) et à des dons à des causes sociales et des projets caritatifs (307 860 dollars).
Les plateformes de crowdfunding basées en Afrique montrent leur capacité à attirer des bailleurs de fonds pour soutenir des projets de plusieurs millions de dollars. Wealth Migrate, une plateforme immobilière sud-africaine, a lancé le projet le plus financé en 2015, et a récolté 12 700 000 dollars pour acquérir 4 bâtiments médicaux aux États-Unis. La plateforme de financement par capitaux propre Malaik a réussi à collecter 250 000 dollars pour la start-up nigériane i-drop. RainFin, une plateforme de prêt entre pairs basée en Afrique du Sud, a lancé des milliers de projets pour fournir des prêts allant jusqu’à 750 000 ZAR aux petites entreprises et aux particuliers. Trevolta, spécialisé dans le financement de voyages, a lancé une campagne massive de financement de foule ”Rhinos sans frontières” qui a permis de récolter 292 170 dollars en 2015 pour sauver les rhinocéros de la crise du braconnage, en les transférant au Botswana.
Les plateformes étrangères de crowdfunding s’efforcent également de financer des projets en Afrique. Elles ont versé 94,6 millions de dollars supplémentaires en 2015 à des initiatives locales, avec un appel à des projets axés sur l’impact et visant à aider les enfants, à autonomiser les femmes et les filles ou à promouvoir l’éducation. Le Kenya a été le premier bénéficiaire des fonds, avec 21,7 millions de dollars collectés.
Le Crowdfunding est considéré comme une source alternative de financement viable et évolutive pour les start-ups et les petites entreprises, les organisations caritatives et autres créateurs de projets en Afrique. Le Crowdfunding est à une phase relativement naissante en Afrique, mais il a le potentiel d’atteindre 2,5 milliards d’ici 2025, selon les estimations de la Banque mondiale. Le rapport Afrikstart Crowdfunding in Africa donne un aperçu détaillé des performances de plus de 50 plateformes de crowdfunding basées en Afrique, par pays, par catégories de projets, par modèle de crowdfunding ; et du nombre total de projets et de leur taux de réussite. Il présente également les contributions financières des plateformes de crowdfunding étrangères qui financent des projets en Afrique. Sont également mentionnées dans le rapport les campagnes de crowdfunding les plus réussies.